L’actualité nous inonde d’informations qui ne portent que sur les modes opératoires, et oublie complétement de construire des problématiques. L’ensemble des données multimédias sont orientées sur la consommation et sur sa nécessité pour l’existence de chacun. Les commentaires, sont accompagnés de publicités qui augmentent l’impression d’obligation d’exister par la consommation. L’outil de production du cadre de vie, du cadre bâti, qu’il soit industriel ou agroalimentaire, éloigne l’habitant de ce qui est commun à lui et à ces congénères, à travers la culture, la perception de son milieux vivant et social. Le processus de production de la construction et de l’aménagement s’oriente vers une standardisation par la régle, la norme, ou les algorithmes d’une intelligence artificielle qui fait synthèse après synthèse un produit fini non adapté ni aux lieux, ni aux collectivité, mais surtout pas au temps et à son usure.

L e résultat de cette structuration de la pensée collective en est sa négation de complexité et de singularité directement induite pas chacun, par son histoire, ses limites et sa créativité. L’autonomie, le dialogue, la confrontation d’idées, tout ce qui fait que d’une part il y ait expression et que d’autre part il y ait écoute, puis collaboration, contribution, participation, autogestion, sont considérés soit comme des faiblesses, soit comme inutiles dans un système capitaliste basé sur la surproduction, la surconsommation, et la loi du marché.

La capacité, en Europe, dans l’histoire  récente de l’architecture, du paysage, de l’urbanisme, et de la connaissance du vivant depuis les grandes courants de la révolution industrielle à regarder les avant-gardes exprimer d’autres voies et d’autres principes de penser l’habitat et ses environnement à toutes échelles semble être d’un autre temps. Elles sont détournées par des courants porteurs de modes et de modèles financiers pour la captation des classes moyennes qui s’affirment comme objectifs de réussite sociale. Par contre cette culture de la publicité et de la vente n’assume à aucun instant ni l’anthropie perverse qu’elle répand, dispense, ni l’entropie résultante à toutes les échelles de ses projets de construction, d’aménagement et de gestion. L’enjeu des avant-gardes en architecture, aujourd’hui, c’est de ramener dans la pensée, le discours, la création et la production le commun à la collectivité. Ce commun, ce bien qui articule l’immatérialité du sens et la matérialité de l’identité les espaces, des lectures raisonnées, partagées que chacun peut et sait en faire.

Sans remonter avant la révolution industrielle, les avant-gardes ont su en Italie, en Suisse, en Hollande, en Grande Bretagne, en Autriche, au Danemark, en Belgique, au Portugal, en Finlande, faire avancer l’architecture en l’articulant avec ses contextes locaux, sans en faire des régionalismes folkloriques, mais en y inscrivant l’intérêt de modes de vie collectives en cohérences avec le cadre local et surtout avec ses économies d’échelles physiques, anthropomorphique, phénoménologiques. Elles ont su associer et confronter, dans ce besoin d’exprimer le commun avec sens et formes, artistes, scientifiques, techniciens et architectes. Elles ont abouti à des identités fortes, esthétiques, économiques dont le bilan n’est pas que carbone, il est aussi sur l’empreinte écologique globale des modes de vies qui y sont acceptables.

Les avant-gardes en architecture donne une dynamique de la pensée qui relie forme et fonction dans une harmonie esthétique particulière, de celle qui fait quand nous passons dans ces espaces temps, même en transit, notre œil nous informe qu’une trace rétinienne a mis une sensation, une émotion quelque part en mémoire. Et nous architectes sommes en difficultés pour prendre ce virage de glisser vers l’avant-garde dans notre territoire, là où nous vivons. Faire bouger les lignes c’est s’engager dans une démarche à la quelle chacun sait devoir donner un terme. L’avant-garde n’est pas plus éternelle que nous mais elle fabrique du commun, du patrimoine, de l’expérience et surtout montre que l’alternative est le seul chemin pour exister, expérimenter, se poser des questions, ne pas être sur du parfait.